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claudine à l’école

Anaïs malmène, non sans méchanceté, sa patiente, qui hurle.

— Aussi, elle a trop de cheveux, celle-là ! dit-elle en guise d’excuse. Quand on croit avoir fini on est à moitié ; tu l’as voulu, tu y es, tâche de ne pas crier !

On frise, on frise… le couloir vitré s’emplit des bruissements du papier plié qu’on tord sur les cheveux. Notre travail achevé, les gamines se relèvent en soupirant et nous exhibent des têtes hérissées de copeaux de papier, où l’on peut lire encore : « Problèmes… morale… duc de Richelieu… » Elles sont hideuses ! Pendant ces quatre jours, elles se promènent, ainsi fagotées, par les rues, en classe, sans honte. Puisqu’on vous dit que c’est l’habitude.

… On ne sait plus comment on vit ; tout le temps dehors, trottant n’importe où, portant ou rapportant des roses, quêtant — nous quatre, Anaïs, Marie, Luce et moi — réquisitionnant partout des fleurs, naturelles celles-là, pour orner la salle du banquet, nous entrons (envoyées par Mademoiselle qui compte sur nos jeunes frimousses pour désarmer les formalistes) chez des gens que nous n’avons jamais vus ; ainsi, chez Paradis, le receveur de l’enregistrement, parce que la rumeur publique l’a dénoncé comme le possesseur de rosiers nains en pots, de petites merveilles. Toute timidité perdue, nous pénétrons dans son