Page:Claudine a l'Ecole.pdf/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
claudine à l’école

impatiemment et dont elle se souvient avec terreur.

Petite Mlle Lanthenay, votre corps souple cherche, et appelle, un bien-être inconnu ; si vous n’étiez pas institutrice-adjointe à Montigny, vous seriez peut-être… je ne veux pas dire quoi. Mais que j’aime vous entendre et vous voir, vous qui avez quatre ans de plus que moi, et de qui je me sens, à chaque instant, la sœur aînée !

Ma nouvelle confidente me dit un jour qu’elle sait pas mal d’anglais, et cela m’inspire un projet tout simplement merveilleux. Je demande à papa (puisqu’il me tient lieu de maman) s’il ne voudrait pas me faire donner par Mlle Aimée Lanthenay des leçons de grammaire anglaise. Papa trouve l’idée géniale, comme la plupart de mes idées, et, « pour boucler l’affaire », comme il dit, m’accompagne chez Mlle Sergent. Elle nous reçoit avec une politesse impassible, et, pendant que papa lui expose son projet, paraît l’approuver ; mais je sens une vague inquiétude de ne pas voir ses yeux pendant qu’elle parle. (Je me suis aperçue très vite que ses yeux disent toujours sa pensée, sans qu’elle puisse la dissimuler, et je suis anxieuse de constater qu’elle les tient obstinément baissés). On appelle Mlle Aimée qui descend empressée, rougissante, et répétant « Oui Monsieur », et « Certainement Monsieur », sans trop savoir ce qu’elle dit, pendant que je la regarde, toute contente de ma ruse, et réjouie à la pensée que je vais, désormais, l’avoir