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claudine à l’école

avec moi plus intimement que sur le seuil de la petite classe. Prix des leçons : quinze francs par mois, deux séances par semaine ; pour cette pauvre petite adjointe qui gagne soixante-quinze francs par mois et paie sa pension là-dessus, c’est une aubaine inespérée. Je crois aussi qu’elle a du plaisir à se trouver plus souvent avec moi. Pendant cette visite-là, je n’échange guère que deux ou trois phrases avec elle.

Premier jour de leçon ! Je l’attends après la classe, pendant qu’elle réunit ses livres d’anglais, et en route pour la maison ! J’ai installé un coin confortable pour nous deux dans la bibliothèque de papa, une grande table, des cahiers et des plumes, avec une bonne lampe qui n’éclaire que la table. Mlle Aimée, très embarrassée (pourquoi ?) rougit, toussote :

— Allons, Claudine, vous savez votre alphabet, je pense ?

— Bien sûr, Mademoiselle, je sais aussi un peu de grammaire anglaise, je pourrais très bien faire cette petite version-là. On est bien, s’pas ici ?

— Oui, très bien.

Je demande, en baissant un peu la voix pour prendre le ton de nos bavardages :

— Est-ce que Mlle Sergent vous a reparlé de mes leçons avec vous ?

— Oh ! presque pas. Elle m’a dit que c’était une chance pour moi, que vous ne me donneriez pas