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CLAUDINE À L’ÉCOLE

mouche, Marie Belhomme sursaute et se met soudain à dérouler une des grosses papillotes qui grelottent depuis trois jours autour de sa tête.

— … s’tu fais ?

— Voir si c’est frisé, tiens !

— Et si ce n’était pas assez frisé ?

— Dame, j’y mettrais de l’eau ce soir en me couchant. Mais tu vois, c’est très frisé, c’est bien !

Luce imite son exemple et pousse un petit cri de déception :

— Ah ! C’est comme si je n’avais rien fait ! Ça tirebouchonne au bout, et rien du tout en haut, ou presque rien !

Elle a en effet de ces cheveux souples et doux comme de la soie, qui fuient et glissent sous les doigts, sous les rubans, et ne font que ce qu’ils veulent.

— C’est tant mieux, lui dis-je, ça t’apprendra. Te voilà bien malheureuse de n’avoir pas la tête comme un rince-bouteilles !

Mais elle ne se console pas, et comme leurs voix m’ennuient, je m’en vais plus loin me coucher sur le sable, dans l’ombre que font les marronniers. Je ne me sens pas trois idées nettes, la chaleur, la fatigue…

Ma robe est prête, elle me va bien… je serai jolie demain, plus que la grande Anaïs, plus que Marie : ce n’est pas difficile, ça fait plaisir tout de même. Je vais quitter l’école, papa m’enverra à Paris chez une tante riche et sans enfants, je ferai