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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/320

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claudine à l’école

avantage. Et maintenant, séduisez-moi ce ministre-là !

Elle examine rapidement tout son bataillon blanc, range une boucle ici, tire un ruban là, ferme la jupe de Luce, qui bâillait, renfonce dans le chignon d’Aimée une épingle glissante, et ayant tout scruté de son œil redoutable, saisit le faisceau des fanions légers, qui portent en or des inscriptions variées : Vive la France ! Vive la République ! Vive la Liberté ! Vive le Ministre !… etc., en tout vingt drapeaux qu’elle distribue à Luce, aux Jaubert, à des élues qui s’empourprent d’orgueil, et tiennent la hampe comme un cierge, enviées des simples mortelles qui enragent. Nos trois bouquets noués de flots tricolores, on les tire précieusement de leur ouate comme des bijoux. Dutertre a bien employé l’argent des fonds secrets ; je reçois une botte de camélias blancs, Anaïs une de camélias rouges ; à Marie Belhomme échoit le gros bouquet de bluets larges et veloutés, — car la nature n’ayant point prévu les réceptions ministérielles, a négligé de produire des camélias bleus. Les petites se poussent pour voir, et des bourrades s’échangent déjà, ainsi que des plaintes aigres.

— Assez ! crie Mademoiselle. Croyez-vous que j’aie le temps de faire la police ? Ici, le drapeau ! Marie à gauche, Anaïs à droite, Claudine au milieu, et marchez, descendez dans la cour un peu vite ! Il ferait beau voir que nous manquions l’arrivée