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claudine à l’école

du train ! Les porteuses d’oriflammes, suivez, quatre par quatre, les plus grandes en tête…

Nous descendons le perron, nous n’entendons plus ; Luce et les plus grandes marchent derrière nous, les banderoles de leurs fanions claquent légèrement sur nos têtes ; suivies d’un piétinement de moutons nous passons sous l’arc de verdure… SOYEZ LES BIENVENUS !

Toute la foule qui nous attendait dehors, foule endimanchée, emballée, prête à crier « Vive n’importe quoi » ! pousse à notre vue un grand Ah ! de feu d’artifice. Fières comme de petits paons, les yeux baissés, et crevant de vanité dans notre peau, nous marchons doucement, le bouquet dans nos mains croisées, foulant la jonchée qui abat la poussière ; c’est seulement au bout de quelques minutes que nous échangeons des regards de côté et des sourires enchantés, tout épanouies.

— On a du goût[1] ! soupire Marie en contemplant les allées vertes où nous passons lentement, entre deux haies de spectateurs béants, sous les voûtes de feuillage qui tamisent le soleil laissant filtrer un jour faux et charmant de sous-bois.

— Je te crois qu’on est bien ! On dirait que la fête est pour nous !

Anaïs ne souffle mot, trop absorbée dans sa dignité, trop occupée de chercher, parmi la foule qui s’écarte devant nous, les gars qu’elle connaît et qu’elle pense éblouir. Pas belle aujourd’hui,

  1. On s’amuse : locution spéciale au Fresnois.