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claudine à l’école

Sursum corda ! sursum corda !
Haut les cœurs ! que cette devise
Soit notre cri de ralliement.
Éloignons tout ce qui divise
Pour marcher au but sûrement !
Arrière le froid égoïsme
Qui, mieux que les traîtres vendus,
Étouffe le patriotisme… etc. etc.

Après eux, la fanfare du chef-lieu « l’Amicale du Fresnois » vient tapager. C’est bien ennuyeux, tout ça ! Si je pouvais trouver un coin tranquille… Et puis, comme on ne s’occupe plus du tout de nous, ma foi, je m’en vais sans le dire à personne, je rentre à la maison, je me déshabille et je m’étends jusqu’au dîner. Tiens, je serai plus fraîche au bal, donc !

À neuf heures, je respire la fraîcheur qui tombe enfin, debout sur le perron. En haut de la rue, sous l’arc de triomphe, mûrissent les ballons de papier en gros fruits de couleur. J’attends, toute prête et gantée, un capuchon blanc sur le bras, l’éventail blanc aux doigts, Marie et Anaïs qui viendront me chercher… Des pas légers, des voix connues descendent la rue, ce sont elles… Je proteste :

— Vous n’êtes pas folles ! Partir à neuf heures et demie pour le bal ! Mais la salle ne sera pas seulement allumée, c’est ridicule !

— Ma chère, Mademoiselle a dit : « Ça commencera à huit heures et demie ; dans ce pays ils