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claudine à l’école

— Claudine ? oh, si ! Mais ce n’est pas sa faute, elle est douée pour cela et ne se fatigue pas.

Il est assis sur la table, une jambe pendante, et me tutoie, pour ne pas en perdre l’habitude :

— Alors, tu es paresseuse ?

— Dame, c’est mon seul plaisir sur la terre.

— Tu n’es pas sérieuse ! Tu aimes mieux lire, hein ? Qu’est-ce que tu lis ? Tout ce que tu trouves ? Toute la bibliothèque de ton père ?

— Non, Monsieur, pas les livres qui m’ennuient.

— Tu te fais une jolie instruction, je parie ! Donne-moi ton cahier.

Pour lire plus commodément, il appuie une main sur mon épaule et roule une boucle de mes cheveux. La grande Anaïs en jaunit plus que de raison ; il ne lui a pas demandé son cahier à elle ! Cette préférence me vaudra des coups d’épingle en dessous, des rapports sournois à Mlle Sergent, et des espionnages quand je causerai avec Mlle Lanthenay. Elle est près de la porte de la petite classe, cette gentille Aimée, et me sourit si tendrement, de ses yeux dorés, que je suis presque consolée de n’avoir pu, aujourd’hui ni hier, causer avec elle autrement que devant mes camarades. Dutertre pose mon cahier et me caresse les épaules d’un air distrait. Il ne pense pas du tout à ce qu’il fait, évidemment, é-vi-dem-ment.

— Quel âge as-tu ?

— Quinze ans.