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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/135

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le combat.

la tactique seule ne saurait satisfaire à cette condition.

Le danger de devoir se battre de deux côtés, et le danger plus menaçant encore d’être coupé de toute retraite, ne paralysent pas seulement, en effet, les mouvements et la résistance de l’adversaire pendant le combat, mais, après avoir ainsi tout d’abord puissamment contribué à sa défaite, concourent souvent encore à porter ses pertes à leurs plus extrêmes limites, c’est-à-dire à l’anéantissement.

En menaçant les derrières de l’ennemi on rend donc sa défaite à la fois plus probable et plus décisive.

De là naît une tendance instinctive qui pénètre toute la direction de la guerre et se manifeste particulièrement dans tous les combats : celle de tourner l’adversaire et de ne pas se laisser tourner par lui.

Telle est la première condition générale que nous semble devoir remplir le combat. Il n’est pas, en effet, de si petit engagement que l’on puisse concevoir sans le concours de cette tendance, dans sa forme simple ou double, avec le choc direct des forces. Si faible que soit son effectif, une troupe ne combattra jamais sans veiller à sa ligne de retraite, et, dans la plupart des cas, sans chercher à menacer celle de l’ennemi.

Bien que dans des circonstances compliquées cet instinct doive parfois céder le pas à des nécessités d’un ordre plus élevé, il exerce un si grand empire qu’il préside à la grande majorité des mouvements tactiques et stratégiques, et constitue ainsi la première loi naturelle et générale du combat.

Si maintenant, pour terminer cette étude générale du combat, nous recherchons quels sont les indices auxquels on en peut reconnaître et apprécier le résultat, nous trouvons que la victoire et la défaite se composent de trois éléments, et que ces éléments sont réciproquement :