illusion est perdue ; la réalité s’affirme inflexible et sévère.
En dehors des peurs paniques, phénomène rare auquel des troupes véritablement animées de vertu guerrière ne sont jamais soumises, telles sont les suites inévitables de la défaite dans une grande bataille. Il est certain que la confiance dans le commandement supérieur, l’expérience de la guerre et l’habitude de la victoire en diminuent çà et là l’intensité, mais dans les meilleures armées même, elles ne manquent jamais complètement dans les premiers moments.
Quant aux trophées perdus, comme on n’en connaît que tardivement l’étendue, ils n’exercent ici aucune influence immédiate.
Nous avons déjà reconnu qu’en cet état d’affaiblissement qui centuple pour elle toutes les difficultés qui se présentent incessamment à la guerre, une armée ne dispose plus des forces et des ressources nécessaires pour se relever d’un pareil coup. L’équilibre est rompu entre elle et l’adversaire, et tout effort nouveau tenté sans appui extérieur ne la saurait mener qu’à des pertes nouvelles. Or si cet appui ne se peut que tardivement produire, si le vainqueur avide de gloire et plein d’ardeur vise de grands résultats, pour s’opposer à la violence du torrent débordé par le succès et prêt à tout emporter, il faut une armée aguerrie par de nombreuses campagnes, animée de toutes les vertus militaires, et dirigée par un général dont l’expérience et le génie sachent multiplier partout la résistance, jusqu’à ce qu’épuisé l’élan du vainqueur s’arrête enfin de lui-même.
2. Dans la nation et dans le Gouvernement, l’effet moral produit par la nouvelle de la défaite de l’armée dans une grande bataille ne peut être comparé qu’à l’effet de la foudre. C’est une stupeur générale. Soudain
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