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chap. xii. — moyens d’utiliser la victoire.

contraignant l’adversaire à prolonger la marche des siennes pendant la nuit ; mais il lui suffit d’imprimer ce caractère à la poursuite pour en augmenter considérablement la puissance et les effets. Il est certain toutefois, qu’il est plus commode pour le poursuivant de prendre son camp vers le milieu de la journée, de vaquer à la recherche des denrées qui lui sont nécessaires, et de laisser la totalité de ses troupes se reposer pendant toute la nuit, que de n’ordonner ses mouvements qu’au moment même de les exécuter, d’échanger chaque jour des coups de canon et des coups de fusil pendant plusieurs heures avec l’ennemi, de rester incessamment en contact avec lui et de chercher à le tourner, toutes choses qui exigent une dépense formelle de dispositions tactiques. À la guerre, les fatigues sont si nombreuses que l’homme est instinctivement porté à se soustraire à celles qui n’ont pas un caractère impérieux d’urgence, et c’est ainsi que s’explique que malgré la puissance du procédé on n’en trouve que si rarement l’application dans l’histoire. Bien que les Français se soient toujours particulièrement distingués à ce propos, Bonaparte lui-même n’a pas osé y recourir en 1812 en Russie, par la raison que les fatigues de la campagne menaçaient déjà seules d’anéantir son armée avant qu’elle atteignît son objectif.

3o Enfin le troisième et le plus efficace des procédés consiste à marcher parallèlement à l’ennemi en retraite.

Toute armée battue a nécessairement derrière elle un premier objectif plus ou moins éloigné, sur lequel il lui importe de ne pas se laisser devancer, que ce soit un défilé par lequel il lui faille passer, un point sur lequel elle compte trouver du renfort, une position forte, une ville importante ou un magasin.

Si dans ces conditions le vainqueur prenant une direction parallèle à celle de l’ennemi, se porte rapide-