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le combat.

ment lui-même sur ce premier objectif, il imprime à la retraite une allure si précipitée que dans de nombreux cas elle se change bientôt en fuite ou en débandade.

Le vaincu n’a cependant que trois moyens à opposer ici au vainqueur.

Le premier n’est réalisable qu’avec une armée aguerrie, battue il est vrai mais non désunie, et commandée par un général du caractère le plus entreprenant. Il consiste à prendre l’offensive, à se jeter sur le vainqueur et, par l’imprévu d’une pareille attaque, à se créer la chance, très invraisemblable d’ailleurs en raison de la situation, de surprendre l’adversaire, de le battre, et d’arrêter sa poursuite.

Le second moyen est de précipiter la marche afin d’atteindre l’objectif en temps utile, mais en agissant ainsi on fait encore les affaires du vainqueur, car la promptitude de la retraite augmente la somme des efforts qu’elle exige, et amène, par suite, une perte plus grande en hommes, en équipages et en canons abandonnés.

Le troisième moyen enfin, consiste à se détourner des points sur lesquels on a le plus à craindre d’être coupé, et à modifier la route de façon à marcher à moins grande proximité de l’ennemi. Ce moyen est parfois le seul auquel on puisse recourir. Mais, bien qu’il y ait des exemples où il ait réussi, il est le plus détestable des trois, et, sauf les cas de force majeure, on n’y a généralement recours que sous la pression d’un sentiment inavouable, la crainte d’en venir aux mains avec l’ennemi. Or quel que soit l’abaissement du moral d’une armée battue et quelque raison que l’on ait d’augurer mal de tout engagement nouveau, éviter la lutte avec trop de soin ne peut qu’augmenter le mal et le porter à ses dernières limites. Si Bonaparte, afin de ne pas combattre à Hanau en 1813, eût franchi le Rhin à