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chap. ii. — armée.

ne peut y avoir sur un même théâtre de guerre qu’un commandement supérieur unique, et l’indépendance du général en chef doit toujours être proportionnée à la responsabilité que comporte le commandement dont il est revêtu.

Du reste, ainsi que l’exemple s’en est présenté entre autres pour l’armée du Nord, pour celle de Silésie et pour d’autres armées en 1813, lorsque par suite de combinaisons politiques ou militaires, des armées qui précédemment agissaient isolément, se trouvent réunies en une seule grande armée sur un même théâtre de guerre, ce n’est pas parce qu’elles représentent, les unes et les autres, une force absolue, qu’on conserve à chacune la dénomination d’armée ; on obéit uniquement alors à la force de l’habitude en continuant à leur donner un titre qu’elles portaient séparément tout d’abord, mais qui, dans le fait, ne leur convient plus. Logiquement on ne doit partager qu’en grands corps et non pas en plusieurs armées, les grandes masses de troupes qui sont destinées à agir dans un but commun sur un même théâtre de guerre, et ce serait même agir contre l’usage qui, dans ce cas, ne s’est pas écarté de la logique.

D’un autre côté, le titre d’armée ne saurait convenir à l’ensemble des corps de partisans qui agissent séparément et avec l’indépendance qui leur est propre, dans une province éloignée. Cependant on doit remarquer que personne ne s’étonne de voir donner, dans l’histoire des guerres de la Révolution française, le nom d’armée vendéenne à une armée qui n’a eu, la plupart du temps, qu’un effectif fort restreint.

On voit donc qu’en général les idées d’armée et de théâtre de guerre se tiennent l’une l’autre en corrélation et marchent de pair.