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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/219

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les forces armées.


3ocampagne.


Bien que l’on désigne souvent sous la dénomination de campagne la totalité des événements militaires qui, dans le courant d’une année, se produisent sur l’ensemble des différents théâtres d’opérations d’une guerre, c’est avec plus de raison que sans se renfermer strictement dans cette limite, on n’applique généralement le nom qu’à la réunion des événements accomplis sur un seul et même théâtre d’opérations. De nos jours, en effet, on ne prend plus comme autrefois des quartiers d’hiver aussi invariables que prolongés, et par suite les guerres modernes ne se partagent plus d’elles-mêmes en campagnes annuelles. Comme, d’un autre côté, les événements qui se produisent sur un même théâtre de guerre se divisent forcément en certaines grandes périodes marquées par les actes les plus importants du drame guerrier ou par les complications et les revirements qui en sont la suite, il faut tenir compte de ces temps d’arrêt naturels, et attribuer ainsi à une campagne la somme absolue des événements qui s’y rattachent. Il ne viendra à l’idée de personne, par exemple, de faire finir la campagne de 1812 au moment où le 1er janvier 1813, les deux armées se trouvaient sur la Mémel, et d’attribuer à la campagne de 1813 le restant de la retraite des Français au delà de l’Elbe, car manifestement ce ne fut là que la fin de la retraite de Moscou.

Il n’y a aucun inconvénient, d’ailleurs, à ce que cette définition ne soit pas plus nettement fixée, ce n’est pas une définition philosophique, et elle n’est destinée qu’à donner un peu plus de clarté à une expression fréquemment usitée.