Aller au contenu

Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
les forces armées.

sans pouvoir jamais en dégager les termes inconnus, concevoir une proportion parfaite des trois armes, rien ne s’oppose du moins à ce que l’on se rende compte de ce qui se présentera à la guerre, alors que, dans une armée, l’une des armes sera numériquement beaucoup plus forte ou beaucoup plus faible que sa correspondante dans l’armée opposée.

L’artillerie renforce le principe destructeur du feu ; à ce point de vue elle est la plus redoutable des trois armes. Son absence affaiblit donc tout particulièrement la force intensive de l’armée. Par contre, l’artillerie étant très peu mobile, sa présence alourdit tous les mouvements, et, comme elle est absolument impropre à la lutte corps à corps, elle ne peut se passer de troupes de soutien. Si donc l’artillerie est si nombreuse dans une armée, que l’on ne dispose pour l’appuyer que d’un nombre insuffisant de troupes, celles-ci ne seront pas partout en état de résister aux attaques vigoureuses de l’ennemi, et l’on sera exposé à perdre un grand nombre de pièces et de fourgons, pertes d’autant plus graves que, des trois armes, l’artillerie est celle dont le matériel, une fois tombé aux mains de l’ennemi, peut être le plus promptement utilisé par lui.

La cavalerie augmente le principe du mouvement dans l’armée. Dès qu’elle est trop peu nombreuse l’action militaire perd de sa rapidité ; rien ne se pouvant plus produire qu’à l’aide de troupes à pied, les dispositions exigent plus de circonspection et de prudence et, par conséquent, plus de temps. La riche moisson qu’amène la victoire sèche en grande partie sur pied, car on ne peut y apporter que la faucille et non plus la faux.

Un excès en cavalerie ne saurait diminuer directement la force d’action d’une armée ; cet excès ne peut