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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/233

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les forces armées.

prendra des allures plus vives, plus variées, plus inattendues ; elle ne procédera plus par de grands événements, mais par de petites actions fréquemment répétées.

Avec une très nombreuse cavalerie, nous rechercherons les plaines étendues et nous préférerons les grands mouvements. Nous tenant à une plus grande distance de l’ennemi, nous jouirons d’une plus grande aisance et d’une plus grande sécurité, sans pourtant lui laisser les mêmes avantages. Notre grande mobilité nous rendant maîtres de l’espace, nous effectuerons des mouvements tournants plus hardis et de plus audacieuses manœuvres, et s’il est permis de compter les diversions et les pointes lointaines sur le territoire même de l’ennemi au nombre des grands et puissants moyens d’action à la guerre, nous pourrons facilement en faire usage.

Une insuffisance considérable en cavalerie diminue le principe de mobilité de l’armée sans augmenter, comme le fait un excès en artillerie, son pouvoir destructeur. La méthode et la circonspection doivent constituer alors le caractère spécial de la guerre. On cherchera à rester constamment en présence de l’ennemi, à ne le jamais perdre de vue ; on évitera soigneusement tout mouvement trop vif et surtout toute action sans but positif ; on ne s’avancera que lentement et en masses bien concentrées ; on choisira de préférence le mode défensif et les terrains coupés, et là où l’attaque sera absolument nécessaire, on se portera, par le chemin le plus court, sur le centre de gravité de l’ennemi.

Il faut d’ailleurs se rendre compte que toutes ces modifications que la prédominance de l’une ou de l’autre des trois armes peut apporter dans la manière d’agir d’une armée, ne seront que rarement assez radicales pour amener un changement complet ou simple-