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chap. vi. — disposition stratégique générale.

mande par conséquent pas d’éclaircissements particuliers.


6o  — prendre des points d’appui stratégiques.


Deux particularités qui leur appartiennent en propre distinguent les points d’appui stratégiques des points d’appui tactiques. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient, comme ces derniers, directement en contact avec l’armée, mais par contre ils doivent présenter une étendue beaucoup plus considérable. Le motif en est que d’après la nature même des choses, la stratégie se meut généralement dans des conditions de temps et d’espace bien plus vastes que la tactique. Alors que, par exemple, une armée s’établit à deux lieues d’une côte maritime ou d’un très grand fleuve, elle s’appuie stratégiquement sur ces obstacles, car l’ennemi étant hors d’état d’exécuter de longues marches et de manœuvrer stratégiquement, c’est-à-dire pendant des jours et des semaines entières, sur un espace aussi restreint, ne saurait l’utiliser pour un mouvement tournant stratégique.

Par contre, au point de vue stratégique, un lac de 6, 8 ou 10 lieues de tour peut à peine être regardé comme un obstacle, car stratégiquement on a rarement à tenir compte de quelques lieues de plus ou de moins à droite ou à gauche.

Quant aux places fortes, elles constituent des points stratégiques d’autant plus sérieux qu’elles sont plus grandes et qu’elles ont une sphère d’action plus étendue pour les entreprises offensives qu’elles peuvent appuyer.