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les forces armées.

dérer les corps ainsi placés comme des avant-gardes latérales ayant pour mission de retarder la marche de l’ennemi sur le terrain placé en dehors des ailes, et de le forcer à développer ses masses et à trahir ses intentions, de façon à laisser le temps à l’armée de prendre ses dispositions préventives en toute connaissance de cause. Il va sans dire qu’au cas où les corps chargés de couvrir les ailes devraient se retirer sur l’armée sans que celle-ci prononçât elle-même un mouvement en arrière, il serait opportun de ne pas les placer sur le prolongement même de la ligne de bataille, mais bien un peu en avant, afin d’éviter en principe que cette retraite de leur part, alors même qu’elle se produirait sans engagement sérieux, ne s’effectuât directement sur les flancs de l’armée.

Il résulte donc de ces principes fondamentaux de la répartition des troupes dans leur disposition stratégique générale, un système rationnel de fractionnement en quatre ou cinq grandes parties, selon que la réserve reste liée ou non au corps de bataille.

Nous avons vu que les conditions d’entretien et de cantonnement s’imposent dans le choix des dispositions stratégiques générales à donner aux troupes. Elles ont la même influence dans la question de leur répartition. Ces conditions doivent entrer en ligne de compte avec les considérations fondamentales que nous venons de développer, et l’on doit chercher à satisfaire aux premières sans trop s’écarter des secondes. Du reste le fractionnement de l’armée en quatre ou cinq grandes subdivisions pouvant chacune pourvoir isolément à leur subsistance et à leur emplacement, lève, pour la plupart du temps, les difficultés qui s’attachent à ces deux conditions, d’où suit qu’il n’y a généralement que peu de modifications à apporter aux dispositions stratégiques nécessaires.