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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/278

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chap. vi. — disposition stratégique générale.

Il nous reste à fixer l’éloignement maximum dans lequel ces quatre ou cinq grandes subdivisions de l’armée peuvent sans inconvénient être placées les unes des autres, alors qu’elles sont appelées à se prêter un secours mutuel constant, et par conséquent à combattre dans une action commune. Nous rappelons ici le lecteur à ce que nous avons déjà dit dans les chapitres précédents, mais d’une façon très générale, de la durée des combats et de la manière dont la solution s’y produit. Il est certain, d’ailleurs, qu’il est impossible de rien fixer de positif à ce sujet, parce que la force absolue et la force relative, la différence de proportion dans les armes et la nature du terrain ont ici une immense influence. On ne peut donc traiter la question que d’une façon générale, et n’arriver, par suite, qu’à des résultats moyens.

C’est la distance à laquelle doit être placée l’avant-garde qu’il est le plus facile de déterminer. Comme un mouvement de retraite la conduit nécessairement sur l’armée, on peut sans danger la pousser en avant jusqu’à une forte journée de marche. Il est certain, en effet, que dans ces conditions, elle ne sera jamais exposée à soutenir une bataille séparée. Cependant comme les pertes qu’elle aurait à supporter grandiraient en raison de la longueur de son mouvement de retraite, il sera toujours opportun de ne la porter en avant que juste autant que l’exigera la sécurité de l’armée.

Quant aux corps placés sur les côtés, nous avons déjà dit qu’une division de l’effectif habituel de 8 000 à 10 000 hommes est en état de supporter un combat de plusieurs heures, voire même d’une demi-journée, sans laisser prendre à la lutte une tournure décisive. On peut donc très opportunément placer une division de cette force à un éloignement de 2 à 4 lieues et, en suivant le même raisonnement, on ne craindra pas de cou-