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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/290

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chap. vii. — avant-gardes et avant-postes.

cessité de tenir le gros de l’armée à une distance considérable de l’ennemi. On se tromperait si l’on croyait pouvoir s’en reposer, pour ce service, à un simple poste d’observation ou à un corps de partisans. Indépendamment de ce que tous deux seraient promptement repoussés par l’ennemi, des détachements de cette nature sont loin de posséder tous les moyens d’observation dont dispose seul un corps fortement constitué.

4o Quand un corps aussi considérable forme l’avant-garde, il suffit de lui adjoindre la majeure partie de la cavalerie de l’armée pour imprimer une grande vigueur à la poursuite de l’ennemi. Un corps ainsi constitué est, en effet, bien autrement mobile que la masse même de l’armée, et peut, le soir, ne suspendre sa marche que beaucoup plus tard, pour la reprendre de bien meilleure heure le matin.

Enfin, en cas de retraite, la protection du centre du corps de bataille prend encore une plus grande importance, et c’est au corps avancé chargé, dans ce cas, de le protéger comme arrière-garde, qu’incombe la mission d’en couvrir le mouvement rétrograde, en défendant avec la plus grande énergie les coupures principales du terrain.

On pourrait être porté à croire, au premier coup d’œil, qu’une arrière-garde placée dans de semblables conditions et agissant de cette manière, courrait le danger constant d’être tournée et enveloppée sur ses ailes. Il ne faut pas perdre de vue, cependant, qu’alors même qu’il aurait déjà quelque peu débordé l’arrière-garde sur ses côtés, l’ennemi aurait encore à parcourir toute la distance qui, de là, le séparerait du centre de l’armée, avant que de menacer sérieusement ce point important, et que, par conséquent, l’arrière-garde centrale peut résister de pied ferme un certain temps après avoir été débordée sur ses ailes, et ne se retirer