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les forces armées.

ensuite que très lentement sur le centre. Par contre, la situation générale de l’armée deviendrait aussitôt critique, si le corps de bataille, cédant plus vite que les ailes, s’infléchissait de façon à faire craindre la rupture prochaine du centre de la ligne.

Cette crainte seule constituerait déjà un grand danger, en raison de l’effet moral désastreux qui en résulterait pour l’armée. C’est, en effet, dans les retraites plus qu’en toute autre circonstance, que chacun, aussi bien le dernier soldat que l’officier et le général en sous-ordre, a conscience de la nécessité de rester unis et concentrés. En dernière instance, la mission des ailes serait alors de se replier sur le centre. C’est pour obéir au même principe que, lorsque par suite de la disposition des routes ou en raison de l’impossibilité d’assurer autrement la subsistance des troupes, on est contraint d’opérer la retraite sur une grande largeur de terrain, il convient chaque fois que l’on fait halte, de reprendre une formation ininterrompue, en resserrant chacune des ailes sur le centre. Si nous ajoutons à toutes ces considérations que c’est généralement vers le centre de l’armée en retraite que la poursuite dirige la plus grande partie de ses forces et cherche à agir avec le plus d’énergie, nous en tirerons comme conséquence que c’est encore dans les mouvements de retraite que le rôle de l’arrière-garde du centre devient le plus important.

Il est donc parfaitement logique de donner à l’armée un corps spécial d’avant-garde dans chacune des circonstances que nous venons d’exposer, mais cette mesure perd généralement toute son opportunité lorsque le corps de bataille ne se compose pas de troupes plus considérables que chacune des ailes. Ce cas se présenta, par exemple, en 1813 en Silésie, quand Macdonald se porta à la rencontre de Blücher, au moment où celui-ci