Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
305
chap. x. — des marches.

gement suffit aujourd’hui, en effet, que la concentration puisse se produire au courant même de l’action.

Plus une masse de troupes est petite et plus elle est facile à mettre en mouvement, et plus par conséquent le fractionnement organique de son ordre de bataille est en état de suffire seul à ses dispositions de marche, sans qu’il soit nécessaire de recourir à un fractionnement spécial ad hoc.

Une petite masse de troupes peut en effet marcher sur une seule route, et dans le cas même où par une marche parallèle ces troupes doivent se prolonger sur deux lignes, il se rencontre toujours, en raison du petit nombre d’hommes qui les composent, assez de chemins d’importance secondaire placés à proximité les uns des autres pour répondre à cette nécessité.

Plus les masses deviennent considérables au contraire, et plus se font sentir tout à la fois le besoin d’un fractionnement spécial de marche, la nécessité d’augmenter le nombre des colonnes et l’urgence de trouver sinon partout des grandes routes, du moins des chemins secondaires réellement praticables, conditions d’où résulte aussitôt un plus grand éloignement des colonnes entre elles. Or le danger que présente le fractionnement dans les marches est en raison inverse de la force individuelle que la nécessité de ce fractionnement permet de donner à chacune des colonnes isolées. En d’autres termes, plus les colonnes sont faibles et plus elles doivent rester à portée de se secourir les unes les autres, tandis que plus elles sont fortes et plus on les peut abandonner à elles-mêmes en augmentant leur isolement. Si l’on veut bien se rappeler ce que nous avons dit à ce sujet dans le livre précédent, et se rendre compte que dans les pays cultivés il se rencontre toujours à quelque 15 ou 20 kilomètres à droite ou à gauche des grandes routes, des chemins d’importance

i. 20