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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/317

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les forces armées.

secondaire mais suffisamment praticables et se dirigeant parallèlement à ces grandes routes, on admettra avec nous qu’on ne peut plus trouver aujourd’hui, dans les dispositions à donner aux marches, de difficultés capables de rendre incompatibles la rapidité et la précision des mouvements avec l’union suffisante des forces pendant leur exécution. Si dans les montagnes il est rare de rencontrer deux routes parallèles, et si, alors même que le cas s’en présente, il est extrêmement difficile de communiquer de l’une à l’autre, il y a néanmoins compensation, en ce sens que c’est dans un pareil milieu qu’une colonne isolée est en situation d’opposer la plus grande somme de résistance aux attaques de l’ennemi le plus supérieur. Quelques exemples vont donner plus de clarté au sujet.

On sait par expérience qu’une division de 8 000 hommes qui se prolonge sur une seule et même route avec son artillerie et les quelques autres voitures qui lui sont nécessaires, y occupe la profondeur d’une heure de marche. Si la colonne se compose de deux divisions, la seconde ne pourra donc jamais apparaître sur un point donné qu’une heure après la première. Or nous avons déjà vu qu’une division de 8 000 hommes est parfaitement en état de soutenir seule un combat de plusieurs heures, même contre un ennemi supérieur. La seconde division n’arrivera donc jamais trop tard, quand même, ce qui serait le cas le plus défavorable, la première devrait immédiatement accepter le combat.

L’expérience enseigne aussi que la tête d’une colonne composée de quatre divisions et d’une réserve de cavalerie, alors même que la route n’est pas bonne, atteint généralement en huit heures un point situé à 22 kilomètres de distance. Si donc, d’après le calcul ci-dessus, on accorde une heure du profondeur à chaque division et autant aux réserves réunies de la cavalerie et de l’ar-