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chap. xiv. — de l’alimentation des troupes.

complètement du mode de recrutement de certains États, tandis que dans certains autres tels que la Russie et la Hongrie, il ne resta obligatoire que pour les classes les plus misérables de la nation. C’est ainsi que le recrutement en arriva à dépendre uniquement des revenus et du trésor des gouvernements dont, par suite, les armées devinrent l’instrument propre.

Ce fut précisément cette condition, nouvelle pour eux, de présider au recrutement et au renouvellement constant des forces militaires, qui imposa en même temps aux gouvernements l’obligation de pourvoir à leur entretien et à leur subsistance. Au moment même où l’on venait, contre une indemnité pécuniaire, de libérer les États provinciaux du contingent qu’ils avaient jusqu’alors dû fournir aux armées, il n’était vraiment pas possible de les frapper d’un nouvel impôt en mettant à leur charge la subsistance des hommes de troupe.

Le Trésor dut donc subvenir seul à ce service qui devint d’autant plus onéreux, qu’en raison même du nouveau système de recrutement les armées furent dès lors permanentes, et qu’entretenues au sein même de la nation mais non à ses frais, elles durent sans cesse être tenues en situation d’entrer en campagne à la première éventualité de guerre.

Il fallut aussitôt créer non seulement un personnel de guerre indépendant, mais encore une administration indépendante et aussi parfaite que possible pour le service de l’entretien et des subsistances de ce personnel.

On dut dès lors, soit par des achats, soit par des réquisitions domaniales, tirer de points souvent très éloignés les farines nécessaires à la nourriture de l’armée, et les emmagasiner tout d’abord, pour les faire parvenir ensuite, au courant des besoins et par un service spécial de train, dans des manutentions établies