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les forces armées.

sidérables, des rassemblements de vivres exécutés en si grande hâte sont toujours loin de satisfaire à ce qui est nécessaire à la consommation journalière des troupes, et qu’il faut forcément alors avoir recours aux rations de réserve du train des subsistances. Il incombe donc à l’intendance de faire la répartition des denrées que la réquisition a produites, et de parer à leur insuffisance par des distributions administratives. Il faut cependant remarquer qu’à partir du début du mouvement, les difficultés vont en diminuant chaque jour en raison de la marche nouvellement effectuée. Le nombre des zones de terrain sur lesquelles on peut réquisitionner augmente, en effet, comme le nombre des jours d’étape, et la surface d’approvisionnement comme le carré des distances parcourues. Si le premier jour de marche, par exemple, 4 milles carrés (220 kilomètres carrés) seulement ont pu fournir à la livraison requise, 16 milles carrés (880 kilomètres carrés) y concourront le lendemain, et 36 milles carrés (1 980 kilomètres carrés) le surlendemain.

Il va de soi que cette proportion n’est qu’une indication approximative ; elle n’a naturellement rien d’absolu, et il se présentera maintes circonstances qui en modifieront le résultat. Il arrivera, par exemple, que dans certaines localités le cercle d’approvisionnement au lieu d’être limité comme nous venons de le supposer à un rayon maximum de 2 milles (15 kilomètres), prendra de bien plus grandes dimensions, tandis que parfois au contraire la contrée que l’on viendra de traverser sera beaucoup moins productive que celle que l’on n’aura pas encore atteinte.

La livraison effective des réquisitions fixées est assurée par la présence de détachements isolés que l’on adjoint aux agents de l’administration pour appuyer leur autorité, mais le sentiment de la responsabilité qui