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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/380

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chap. xiv. — de l’alimentation des troupes.

présente la question des subsistances selon qu’il s’agit de l’attaque ou de la défense.

Tant que le défenseur se borne à rester strictement sur la défensive, l’alimentation de ses troupes ne saurait jamais lui causer d’embarras. Il a pris ses dispositions d’avance, en effet, et est en état de faire un usage ininterrompu des ressources qu’il s’est ainsi ménagées. La chose va de soi en pays national, mais elle est vraie aussi en pays ennemi. L’attaquant, au contraire, pendant toute la durée de sa marche en avant s’éloigne toujours davantage des points où il a pu rassembler ses approvisionnements ; dans de telles conditions, de même que dans les premières semaines qui suivent les temps d’arrêt qu’il peut faire, il n’est donc en mesure de pourvoir que jour par jour, et souvent d’une façon très insuffisante, à l’alimentation de ses troupes.

Il est particulièrement deux circonstances dans lesquelles l’attaquant rencontre les plus grandes difficultés à faire vivre ainsi son armée : 1o dans sa marche en avant tant que le sort des armes ne s’est pas prononcé d’une façon décisive en sa faveur ; 2o lorsque, bien que favorisé par la victoire, il a atteint le point extrême qu’il ne serait pas prudent qu’il dépassât.

Dans la première de ces circonstances l’attaquant, par le fait même qu’il marche en avant, s’éloigne chaque jour davantage, nous l’avons déjà dit plus haut, de ses approvisionnements, tandis qu’au contraire le défenseur, qu’il soit immobile ou qu’il batte en retraite, jouit encore de tous les siens. L’attaquant doit, en outre, tenir ses masses concentrées et par conséquent sur une surface de territoire trop restreinte pour qu’elles y puissent trouver des moyens d’entretien suffisants. Il est vrai que tant qu’il marche en grandes colonnes, il se fait suivre de ses équipages de train à l’aide desquels il pourvoit aux besoins les plus urgents ;

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