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de la stratégie en général.

de l’habile répartition des forces et de l’entente des dispositions générales.

Bien qu’à des degrés très différents selon la nature des entreprises et les circonstances qui les accompagnent, l’intention de surprendre l’ennemi se rencontre, sans exception, au fond de toutes les entreprises de guerre.

Les qualités qui distinguent l’armée, le général en chef et le Gouvernement exercent, dès le principe, une grande influence à ce sujet. On ne peut surprendre, en effet, que par le secret et la rapidité ce qui suppose de la force de volonté de la part des autorités dirigeantes, une extrême énergie dans le commandement, de la discipline, du dévouement, de la vigueur et la rigoureuse exécution des ordres de la part des troupes.

La surprise, avons-nous dit, est d’un usage général à la guerre. Elle y est même indispensable et, bien conduite, ne demeure jamais complètement sans effet. Quoiqu’on y soit naturellement porté, ce serait cependant s’en faire une très fausse idée, que de la considérer comme un moyen infaillible d’arriver à de grands résultats. Il est rare, en effet, qu’elle réussisse à un haut degré. Cela tient à ce que les efforts qu’elle exige sont la plupart du temps paralysés par l’imprévu et les difficultés de l’exécution.

Les espaces étant plus restreints et les opérations plus rapides dans la tactique que dans la stratégie, c’est dans la première que la surprise a ses coudées les plus franches. On comprend, par suite, qu’elle soit plus applicable dans la stratégie quand les opérations sont exclusivement dirigées vers un but militaire, que lorsqu’elles sont plus ou moins influencées par des considérations politiques.

Les préparatifs de guerre prennent généralement plusieurs mois, le rassemblement des armées sur les