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chap. xvi. — défense des montagnes.

tions, si des troupes alliées venaient alors augmenter les forces de la défense, si la nation enfin courait aux armes, toutes ces réactions contre l’envahisseur se trouveraient considérablement augmentées par le fait de la situation où le placerait l’occupation forcée de la chaîne montagneuse.

Il se produit ici le même phénomène que dans la dioptrique ; en portant la loupe sur un objet que l’on veut examiner, cet objet devient tout d’abord plus clair et plus distinct à mesure qu’on en éloigne le verre ; mais si, une fois parvenu au foyer même de l’instrument, on dépasse ce point mathématique, tout change tout à coup et l’objet apparaît renversé.

Enfin, s’appuyant sur ce fait démontré par nous que les montagnes sont défavorables à une défense absolue, on pourrait peut-être supposer que cela devrait précisément être pour l’attaque une raison de chercher à s’y produire. Nous répondrons que cet avantage est réel en soi, mais qu’il est plus que balancé pour l’attaque par les difficultés qu’un sol montagneux apporte au service des vivres et des transports, ainsi que par l’incertitude de savoir si le défenseur a résolu de placer toutes ses forces et de livrer une bataille générale dans la montagne même ou sur un terrain placé plus en arrière.