Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
chap. iii. — attaque et défense stratégiques.

guerre et le concours des populations ne sont acquis à la défense qu’en territoire national. Or, lorsqu’au courant d’une campagne qui se prolonge l’attaquant parvenu au point extrême de sa marche en avant se voit contraint à s’arrêter et par conséquent à changer son mode d’action, il se trouve précisément en plein territoire ennemi. C’est donc là une nouvelle preuve que le mode d’action défensif, dès que l’attaquant se voit contraint d’y avoir recours, perd aussitôt tous les éléments qui en font originairement la supériorité.

C’est là un si grand désavantage pour l’attaque que, et nous nous efforçons de le démontrer dans le livre qui traitera du plan de guerre, nous estimons que l’on doit toujours d’avance tenir compte de la défensive qui pourra s’en suivre, lorsqu’au début d’une campagne on adopte la forme offensive.

Les grandes forces morales qui pénètrent parfois l’élément guerrier comme un véritable ferment, et dont par conséquent un général en chef est en situation dans certains cas de tirer un puissant parti, peuvent aussi bien se présenter du côté de la défense que du côté de l’attaque. Cependant, lorsque ces grandes forces morales animent dès le principe les troupes de l’attaquant, elles portent habituellement la perplexité et la crainte chez son adversaire ; mais comme généralement elles ne s’exaltent qu’après un premier succès important, elles contribuent rarement à l’amener.

Par tout ce qui précède, nous croyons avoir suffisamment appuyé notre assertion que la défensive est, comme forme de guerre, plus forte que l’offensive. Il nous reste cependant à ce sujet à mentionner un dernier facteur inobservé jusqu’ici. C’est l’énergie, la conscience de supériorité que le sentiment d’appartenir à l’attaque donne tout d’abord à une armée.

La chose est vraie en soi ; mais ce sentiment se fond