Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
la défensive.

moyens, rien ne l’affaiblit, elle conserve l’appui de ses places fortes et reste à proximité de ses sources d’approvisionnement et de secours.

La campagne de 1812 en Russie présente, rendue comme par un miroir grossissant, la très nette image de l’application des deux principes précédents du succès stratégique. Des 500 000 hommes, en effet, qui passèrent le Niémen le 24 juin, 120 000 seulement purent prendre part à la bataille de Borodino (la Moskowa) le 7 septembre, et il n’en arriva, huit jours après, qu’un nombre encore inférieur à Moscou.

Les résultats de cette colossale entreprise furent tels que l’on peut vraiment supposer que les Russes, alors même qu’ils n’eussent pas ultérieurement pris l’offensive, eussent été néanmoins pour un long temps à l’abri de tout nouvel effort de la part de l’attaquant.

Il est certain qu’à l’exception de la Suède aucun État de l’Europe ne présenterait à ce sujet les mêmes ressources que la Russie, mais cela ne change rien à la virtualité des principes dont les résultats se modifieraient sans doute dans l’application, mais seulement en raison de la proportion des forces opposées et des espaces à parcourir.

Les habitants d’un pays envahi sont généralement hostiles à l’attaque, et dans la plupart des cas la défense peut compter sur leur appui. Or le concours des populations s’affirme de bien des manières différentes et facilite extrêmement l’action de la défense dont il augmente et maintient sans cesse les ressources à proximité ; mais c’est dans l’emploi du landsturm qu’il trouve sa plus haute application, c’est-à-dire dans l’organisation régulière en milices nationales de la masse des citoyens valides qui ne se trouvent pas déjà sous les drapeaux.

Ainsi la coopération des places fortes du théâtre de