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chap. vi. — moyens spéciaux de la défense.

et d’union entre eux, donnent une si grande supériorité au défenseur, tandis que par contre l’attaquant n’en tire qu’incertitude et indécision. Il n’est pas, en effet, de petite patrouille, de poste avancé, de vedette, d’officier en mission, qu’ils appartiennent à l’une ou à l’autre armée, qui ne se trouvent sans cesse dans la nécessité de recourir aux habitants pour obtenir des nouvelles de l’ennemi ou faire face aux difficultés qu’ils rencontrent. Si de ces considérations générales on passe aux cas particuliers où la nation prend elle-même une certaine part à la lutte, ou même aux cas absolument spéciaux où, comme en Espagne, la nation entière formant une armée nationale constitue l’élément capital de la résistance, on se rend compte qu’il ne se produit plus dès lors une simple augmentation de la puissance nationale, mais bien un élément de puissance absolument nouveau.

4o  C’est en passant par les mêmes raisonnements que l’on reconnaît que l’armement en masse de la nation ou Landsturm constitue aussi un moyen puissant spécial à la défense.

5o  Enfin si, au début ou au courant d’une guerre, il est souvent possible à chacun des deux adversaires, qu’il soit attaquant ou attaqué, de se créer des alliances basées sur des intérêts momentanément identiques, il est du moins une éventualité d’alliance qui ne se réalise jamais qu’en faveur du défenseur, c’est-à-dire entre une nation menacée et celles des autres nations qui ont un intérêt vital à la conservation de son intégralité et de son existence.

Jetons en effet un coup d’œil sur la république des États dont se compose l’Europe actuelle. Loin d’y trouver un équilibre systématiquement réglé de la puissance et des intérêts, équilibre absolument imaginaire et qui a été contesté avec grande raison, nous voyons les intérêts des États et des peuples s’y entrecroiser de la façon