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la défensive.

la plus variée comme sur une sorte de vaste canevas aux mailles irrégulières, dont chacun des points de croisement forme un nœud de consolidation dans lequel la direction d’un intérêt sert de contre-poids à la direction d’un autre.

De là nécessairement une connexion manifeste du tout.

Or, comme le moindre changement ne peut se produire sans que cette connexion se rompe en partie, il en résulte que les rapports communs de tous les États entre eux tendent bien plutôt à maintenir le tout dans sa forme qu’à y apporter des changements. En d’autres termes, la tendance générale est au maintien de l’état social existant.

Nous croyons que c’est ainsi seulement que l’on peut concevoir un équilibre politique, et que les choses se produiront invariablement de cette façon partout où un contact multiple existera entre plusieurs peuples policés.

Quant à savoir si cette tendance générale des intérêts suffit à assurer le maintien de la forme existante, c’est là une autre question. On peut sans doute concevoir, dans les rapports des différents peuples entre eux, telles modifications dont les unes appuieront tandis que les autres contrecarreront cette tendance. Dans le premier cas ces modifications seront des efforts vers le perfectionnement de l’équilibre politique existant, et comme ces efforts auront la même direction que les intérêts collectifs, ils auront pour eux la majorité de ces intérêts. Dans le second cas, au contraire, ces efforts ne seront que des tentatives d’échappement à la loi communément acceptée, et il ne faudra y voir que l’action tyrannique et malsaine de parties isolées. Il n’y a d’ailleurs vraiment pas trop à s’étonner que de pareils efforts puissent se produire dans un