Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
41
chap. vi. — moyens spéciaux de la défense.

assemblage si faiblement et si inégalement constitué de grands et de petits États, alors qu’on les voit se réaliser même dans la masse organique si merveilleusement ordonnée de la nature vivante.

Que si on nous renvoie aux cas où, dans l’histoire, des États isolés ont pu introduire des changements territoriaux importants à leur seul avantage sans que tout ait même fait un essai pour s’y opposer, ou mieux encore aux cas où un État isolé s’est trouvé en situation de s’élever si fort au-dessus des autres qu’il en est devenu l’autocrate à peu près absolu, nous répondrons que cela ne prouve en aucune façon que la tendance des intérêts collectifs ne soit pas au maintien de l’état social existant, mais bien que l’action de cette tendance, aux époques en question, n’avait pas une puissance suffisante ; que l’aspiration vers un but n’est pas le mouvement qui conduit à ce but, mais que ce n’est cependant nullement une quantité négligeable, ainsi d’ailleurs que la dynamique céleste en fournit la meilleure preuve.


Nous disons donc que la tendance de l’équilibre est au maintien de l’état social existant, par quoi, cela va sans dire, nous supposons tout d’abord que la tranquillité, c’est-à-dire l’équilibre, règne dans cet état social, car là où la tranquillité est déjà troublée une tension s’est déjà produite, et dans ce cas la tendance de l’équilibre peut certainement aussi être dirigée vers un changement. Mais ce changement, si nous approfondissons la nature des choses, ne peut jamais atteindre que quelques États isolés, et jamais la majorité des États. Il est donc certain que cette majorité verra toujours son maintien représenté et assuré par la masse des intérêts communs, et que chaque État isolé, pourvu qu’il ne soit pas précisément en opposition avec la ma-