Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
chap. viii. — procédés de résistance.

quent la résolution et le moment à la volonté de l’adversaire. Il peut alors arriver que celui-ci reste fort longtemps en possession du terrain sur lequel il s’est avancé, et que la défense paye ainsi le gain de temps que lui vaut l’inaction de l’attaque.

Il est clair, enfin, que ces sacrifices deviennent encore et de beaucoup plus sensibles dans le quatrième procédé défensif, alors que la défense attire l’attaque dans le cœur même du pays.

Il convient cependant de considérer que tous ces sacrifices ne constituent, en somme, pour la défense qu’un moins-perçu de ressources dont elle ne ressent que très tardivement l’influence, et qui n’a généralement qu’une action indirecte à peine sensible sur l’armée. Le gouvernement de la défense peut d’ailleurs, au besoin, parer aux embarras de ce moins-perçu momentané, en émettant un emprunt qu’il amortira plus tard lorsque les circonstances redeviendront normales.

La possession d’un territoire de quelques lieues carrées de superficie n’ayant aucune importance au point de vue stratégique, l’objectif de l’attaque ne peut être que la possession de la totalité, ou pour le moins de la presque totalité du théâtre de guerre. Tant que cet objectif n’est pas atteint, c’est-à-dire tant que l’attaquant redoutant la puissance du défenseur ne se porte pas sur le théâtre de guerre, n’attaque point la position prise ou évite la bataille qu’on lui offre, le but de la défense est rempli.

Ce résultat témoigne tout d’abord de l’efficacité du procédé défensif adopté ; il n’est encore que négatif, il est vrai, et n’a de valeur directe qu’au point de vue de l’expectative, mais indirectement il prépare la puissance du contre-coup, car le temps qui s’écoule ainsi est gagné pour la défense et perdu pour l’attaque. Or nous savons que, pour cette dernière, toute perte