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CHAPITRE III. A.

liaison intrinsèque de la guerre.


Selon que l’on considère la guerre dans sa forme absolue ou dans l’une des formes amoindries qu’elle revêt dans la réalité, on conçoit deux idées différentes de ses résultats.

Dans la forme absolue où tout est motivé et où toutes les actions se pénètrent et se poursuivent sans entr’actes, la multiplicité des réactions entre les deux adversaires, l’enchaînement et la succession des combats, le point limite que la victoire ne peut dépasser et au delà duquel commence le domaine des pertes et des défaites, toutes les particularités, en un mot, qui constituent le caractère de cette forme de la guerre font qu’on n’y peut considérer qu’un seul résultat, le résultat final. Jusque-là rien n’est décidé, rien n’est gagné, rien n’est perdu. C’est ici qu’il faut répéter sans cesse : la fin couronne l’œuvre. Ainsi conçue, la guerre est un tout dont les membres — les résultats partiels — n’ont isolément aucune valeur et n’en prennent que par rapport au tout lui-même. En 1812, par exemple, la conquête de Moscou et de la moitié de la Russie ne pouvait avoir de valeur pour Bonaparte qu’à la condition de lui procurer la paix qu’il avait en vue ;