Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
chap. iii a. — liaison intrinsèque de la guerre.

Voilà ce que les gouvernements de Prusse et d’Autriche, imbus des anciens préjugés et encore confiants dans les vieilles méthodes, ne comprirent pas suffisamment, bien qu’on pût reconnaître, à leurs préparatifs, qu’ils se rendaient déjà compte de la lourdeur orageuse de l’atmosphère politique. Ce sont précisément les campagnes de 1805, 1806 et 1809 et les campagnes suivantes qui nous ont révélé l’extrême énergie de la guerre dans cette forme nouvelle, et nous ont permis d’en dégager le concept absolu.

La théorie doit donc exiger désormais que l’on cherche à se rendre compte de ce que seront vraisemblablement le caractère et les contours généraux d’une guerre en raison des grandeurs et des rapports politiques. Plus la guerre paraîtra devoir se rapprocher du caractère absolu de son concept, plus la surface sur laquelle elle paraîtra devoir s’étendre se rapprochera de la totalité des États belligérants, plus enfin les événements paraîtront devoir s’y enchaîner, et plus il conviendra, d’un bout à l’autre des opérations, de ne jamais perdre de vue le but à atteindre et de ne jamais faire un pas sans songer aux suivants jusqu’au dernier.