sensibles et ne se sont manifestées que plus tard au grand jour ; si, sous la République déjà, les généraux de la Révolution n’ont pas sans repos ni trêve poursuivi leur but et renversé toutes les monarchies de l’Europe ; si parfois, enfin, les armées allemandes ont pu résister heureusement et arrêter la violence du torrent, il n’en faut rechercher la cause que dans l’imperfection technique contre laquelle, soldats, généraux et gouvernement même sous le Directoire, les Français eurent tout d’abord à lutter.
Mais tout cela se perfectionna promptement sous l’énergique direction de Bonaparte, et, dès lors, renfermant en soi toutes les forces vives de la nation et renversant tout dans sa marche, l’armée française parcourut l’Europe avec une violence d’impulsion telle qu’aussi longtemps qu’on ne lui opposa que des armées de l’ancien système l’issue de la lutte ne put jamais être un instant douteuse. La réaction cependant se produisit encore en temps utile. En Espagne la guerre devint spontanément populaire. En 1809 l’Autriche donna l’exemple d’efforts exceptionnels en formant des réserves et des landwehrs, créations qui approchaient du but et dépassaient tout ce que cet État avait fait jusqu’alors. En 1812 la Russie imita l’Espagne et l’Autriche ; les dimensions colossales de l’empire permirent, en outre, non seulement de tirer parti de dispositions prises trop tardivement, mais encore d’en augmenter considérablement l’effet, et le succès fut éclatant. En Allemagne ce fut la Prusse qui se releva la première ; elle appela le peuple à la guerre et, avec moitié moins d’habitants, sans argent et sans crédit, elle parvint à mettre en ligne deux fois plus de monde qu’en 1806. Le reste de l’Allemagne suivit plus ou moins vite cet exemple, et l’Autriche, enfin, reparut sur la scène, bien qu’avec des forces moins considérables qu’en 1809. C’est ainsi qu’en