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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/144

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chap. iii b. — grandeur du but et des efforts.

Quant à savoir si les guerres de l’avenir, mettant ainsi en jeu les plus grands intérêts des nations, seront toutes dorénavant conduites avec la puissance entière des États ou si peu à peu les gouvernements et les peuples ne sépareront pas de nouveau leurs intérêts, nous n’avons pas la prétention de trancher cette question ; mais on nous accordera sans doute que, maintenant qu’on les a dépassées, on ne reviendra pas facilement aux limites dans lesquelles on ne s’est si longtemps renfermé que par ignorance du moyen puissant qu’on avait à sa disposition, et que, par suite et pour le moins chaque fois qu’il s’agira d’un grand intérêt, le principe d’hostilité se manifestera de part et d’autre avec la violence qu’on lui a déjà vu prendre.

Nous terminerons ici cet aperçu historique dans lequel nous n’avons nullement cherché à indiquer les principes généraux qui ont présidé à la conduite de la guerre aux différentes époques, mais bien à montrer que, soumise à chaque époque à des conditions différentes, la guerre a pris chaque fois une forme spéciale et un caractère particulier et que, par conséquent, à chaque époque correspond une théorie de guerre spéciale, quels que soient d’ailleurs les principes philosophiques sur lesquels on ait partout, tôt ou tard, cherché à la faire reposer. On ne peut donc juger les événements militaires d’une époque et apprécier la valeur de ses généraux qu’en ayant chaque fois égard aux principaux rapports et au caractère de cette époque.

Néanmoins, de toutes les manières différentes dont il a fallu conduire la guerre en raison des rapports particuliers et des forces militaires de chaque époque, il se dégage des principes généraux dont la théorie doit spécialement tenir compte.

La guerre n’ayant atteint sa forme absolue que dans les derniers temps, ce sont nécessairement les principes