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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/183

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méthodisme.

perfectionnée facilitera l’étude de la conduite de la guerre, et formera l’esprit et le jugement des hommes qui sont appelés à occuper les emplois élevés dans l’armée, non seulement le méthodisme n’atteindra plus si haut, mais, s’il est vrai que dans une certaine mesure il soit indispensable, il sera du moins basé sur la théorie elle-même, et n’aura plus le caractère d’une imitation servile. En effet, quelque perfection qu’un grand général apporte dans la conduite de la guerre, sa manière de procéder a toujours quelque chose qui lui est personnel, et plus il en est ainsi, et moins facilement elle se prête à la nature de celui qui la veut imiter.

Il ne serait cependant ni possible, ni même raisonnable, de bannir entièrement le méthodisme personnel, — la manière d’agir, — de la conduite de la guerre, car il est l’expression de l’influence que le caractère général d’une guerre exerce sur chacun de ses phénomènes particuliers, influence si incontestable qu’on ne saurait la négliger, et à laquelle, si l’on n’avait recours au méthodisme, on ne pourrait donner satisfaction lorsque la théorie ne l’a ni prévue ni précisée. Quoi de plus naturel que, sortie de circonstances et de rapports si spéciaux, la guerre de la Révolution ait exigé des procédés d’action absolument spéciaux, et quelle théorie eût pu permettre d’en embrasser entièrement le caractère ! La seule chose que l’on ait à redouter ici, c’est que, née d’un cas particulier, une manière d’agir ne se survive à elle-même, tandis que les circonstances se modifient insensiblement sans qu’on le remarque, et c’est là ce que la théorie doit empêcher par une critique claire et sensée. Si, en 1806, le prince Louis à Saalfeld, et les autres généraux prussiens, Tauenzien sur le Dornberg près d’Iéna, Grawert en avant de Rappeldorf, et Rüchel en arrière de ce village, se jetèrent tous quatre dans le gouffre béant de la destruction en prenant l’ordre de