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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/186

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de la théorie de la guerre.

tique proprement dite, qui répartit, l’éloge ou le blâme. Ici la théorie sert à l’histoire, et détermine l’enseignement à tirer de l’observation.

Dans ces deux dernières opérations, qui constituent la partie vraiment critique de la considération historique, il importe de suivre les choses jusque dans leurs derniers éléments, c’est-à-dire jusqu’à des vérités incontestables, et non pas, comme il arrive si fréquemment, de s’arrêter à moitié chemin, en s’en tenant à quelque affirmation ou supposition arbitraire.

La déduction des effets de leurs causes présente cette extrême et parfois insurmontable difficulté, que, souvent, on ne sait absolument rien des véritables causes. Dans aucune des relations de la vie cela n’arrive aussi fréquemment qu’à la guerre, où il est rare que l’on connaisse complètement les événements et encore moins les motifs, soit que, accidentels et passagers, les premiers aient été perdus pour l’histoire, soit que les seconds aient intentionnellement été tenus cachés par la direction militaire. La narration critique doit donc, la plupart du temps, s’appuyer sur la recherche historique et marcher de concert avec elle, et, néanmoins, il se présente toujours de telles disproportions entre les effets et les causes, que la critique ne peut jamais formellement considérer les premiers comme la conséquence nécessaire des secondes. C’est ainsi qu’il se produit inévitablement des lacunes dans la narration, et que des résultats historiques demeurent sans profit pour l’instruction. Tout ce que la théorie peut exiger ici de la critique, c’est que celle-ci poursuive ses recherches jusqu’aux lacunes mêmes, en se gardant bien toutefois d’aller au delà. Cette manière d’agir est la seule logique, car, ainsi traitée, la situation ne présente uniquement d’inconvénient que lorsque, accordant aux seules causes connues une importance qui ne leur revient réellement