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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/111

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ſemble avoir renfermé le bonheur des mortels. Je portai auſſi la main à ce tréſor, en écartant doucement le poil qui l’ombrageoit ; & je ſentis, au travers d’une peau ſouple & diaphane, ces deux globes précieux, qui ſembloient s’entrebaiſer, & dont j’avois éprouvé, un moment auparavant, les délicieuſes ſecouſſes. La douce chaleur de ma main rendit bientôt mon amant intraitable ; il me retira d’entre les doigts ce précieux joyau, & le plongea de nouveau dans ma bleſſure, alors ouverte pour la vie. Je n’y ſentis preſque plus de douleur. Toutes les membranes, que la violence de ſes aſſauts avoient dilatées, obéiſſantes & ſouples maintenant, ne ſembloient ſe reſſerrer que pour donner du plaiſir & en recevoir.

S’il eſt vrai que l’on meurt quelquefois de joie, c’eſt un miracle que je ne ſois point expirée dans de ſi délicieuſes agonies.