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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/126

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heur favoriſant ſes lâches intentions, elle me répondit froidement, que quoiqu’elle fût touchée juſqu’au fond de l’ame de mon infortune, l’état actuel de ſes affaires la mettroit dans la cruelle néceſſité de m’envoyer en priſon. A ce mot de priſon tout mon ſang ſe glaça, & je fus tellement épouvantée, que je devins auſſi pâle qu’un criminel à la vue du lieu de ſon exécution.

Cette méchante femme, qui craignoit que ma frayeur ne ruinât ſes deſſeins, en me faiſant retomber malade, commença à ſe radoucir, & me dit que ce ſeroit ma propre faute, ſi elle en venoit à de ſemblables extrêmités ; mais que l’on pouvoit trouver un honnête homme dans le monde, aſſez généreux pour terminer cette affaire à notre ſatisfaction mutuelle, & qu’il en viendroit un cet après-dîné prendre le thé avec nous, qui ſûrement ſeroit fort aiſe de me rendre ſervice.