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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/148

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tai d’abord un air ſi ſerein & ſi gai, que l’hypocrite fut ma dupe en croyant que j’étois la ſienne. La groſſe récréation qu’il venoit de prendre, l’avoit ſans doute fatigué ; car il prétexta quelques affaires pour n’être pas obligé de coucher avec moi cette nuit-là, & ſortit incontinent après.

A l’égard de ma ſervante, mon intention n’étant pas de l’aſſocier à mes travaux, au premier ſujet de mécontentement qu’elle me donna, je la mis à la porte.

Cependant mon amour-propre ne pouvant digérer l’affront que Monſieur H.... m’avoit fait, je réſolus de m’en venger de la même façon. Je ne tardai pas long-tems. Il avoit pris, depuis environ quinze jours, à ſon ſervice, le fils d’un de ſes fermiers. C’étoit un jeune garçon de dix-huit à dix-neuf ans, d’une phyſionomie fraîche & appétiſſante, vigoureux & bien fait. Son maître l’avoit