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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/159

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rechef une émotion ſi vive, qu’il n’y avoit que la pluie ſalutaire, dont la nature bienfaiſante arroſe ces parties là, qui pût me ſauver de l’embraſement.

J’étois tellement abattue, fatiguée, énervée, après une ſemblable ſéance, que je n’avois pas la force de remuer. Néanmoins, mon jeune champion ne faiſant, pour ainſi dire, qu’entrer en goût, n’auroit pas ſitôt quitté le champ de bataille, ſi je ne l’euſſe averti qu’il falloit battre la retraite. Je l’embraſſai tendrement, & lui ayant gliſſé une guinée dans la main, je le renvoyai avec promeſſe de le revoir dès que je pourrois, pourvu qu’il fût diſcret.

A peine étoit-il ſorti, que Monſieur H.... arriva. La maniere agréable dont je venois d’employer le tems depuis mon lever, avoit répandu tant d’éclat & de feu ſur ma phyſionomie, qu’il me trouva plus belle que jamais : auſſi me fit-il des careſſes ſi preſſantes, que je tremblai