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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/187

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„ ſeroit inutile de vous ennuier par un plus long récit ; c’eſt aſſez que vous ſachiez que nous vécûmes enſemble tant que la miſere nous ſépara, & me fit embraſſer la profeſſion ”.

Suivant l’ordre de la ſituation c’étoit à Henriette à nous faire ſon hiſtoire. Parmi les beautés de ſon ſexe que j’avois vues avant, & depuis elle, il en eſt bien peu qui puiſſe ſe flatter d’égaler la nobleſſe de ſa taille, & la fineſſe de ſon teint ; de beaux yeux noirs, pleins de feu, ornoient encore la plus heureuſe phyſionomie. Avant de parler, Henriette ſourit, rougit, & commença en ces termes.

„ Mon pere, qui fut meûnier près de la ville de York, ayant perdu ma mere peu de tems après ma naiſſance, confia mon éducation à une de mes tantes, vieille veuve ſans enfans, & qui étoit alors gouvernante ou ménagere de Mylord N… à ſa campagne de… où elle m’éleva avec toute la tendreſſe poſſible.