Aller au contenu

Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 126 )

„ Ayant déja paſſé, de deux années, cet âge, que trois luſtres accompliſſent, pluſieurs bons partis s’empreſſoient à me prouver leur amour, en me procurant des plaiſirs frivoles. J’ignorois encore ceux qui tiennent à l’union des cœurs, quand la nature & la liberté, d’accord avec le penchant, les voient éclore. Si le tempérament me laiſſa méconnoître ſes vives impreſſions juſqu’à ce terme, bientôt il me dédommagea avec profuſion de ce que j’avois ignoré. Heureux momens ! deux ans ſe ſont écoulés, depuis qu’endoctrinée par l’amour, je perdis, plutôt qu’on ne devoit s’y attendre, ce joyau ſi difficile à garder, & voici comment. J’étois accoutumée, lorſque ma bonne tante faiſoit ſa méridienne, de m’aller recréer en travaillant ſous un berceau, que côtoyoit un petit ruiſſeau, qui rendoit ce lieu fort agréable pendant les chaleurs de l’été. Un après-midi que, ſuivant mon habitude, je m’étois