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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/190

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„ Les premieres émotions que me cauſa la vue de ce jeune homme in naturalibus, furent la crainte & la ſurpriſe ; & je vous aſſure que je me ſerois eſquivée, ſi une modeſtie fatale n’eut retenu mes pas : car je ne pouvois gagner la maiſon ſans être vue du jeune drôle. Je demeurai donc agitée par la crainte & la modeſtie, quoique la porte du cabinet où je me trouvois étant fermée, je n’avois nulle inſulte à appréhender. La curioſité anima cependant à la fin mes regards ; je me mis à contempler par un trou de la cloiſon, le beau garçon qui s’ébattoit dans l’onde. La blancheur de ſa peau frappa d’abord mes yeux, & parcourant inſenſiblement tout ſon corps, je parvins à diſcerner une certaine place couverte d’un poil noir & luiſant, au milieu duquel je voyois brandiller une piece de chair molle, qui m’étoit inconnue ; mais malgré ma modeſtie je ne pus détourner mes regards. Enfin