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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/191

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„ toutes mes craintes firent place à des deſirs & à des tranſports, qui ſembloient me ravir. Le feu de la nature, qui avoit été caché ſi long-tems, commença à développer ſon germe ; & je connus pour la premiere fois que j’étois fille.

„ Pendant que je réſumois en moi-même les ſentimens qui agitoient mon jeune cœur, la vue toujours fixée ſur l’aimable baigneur, je le vis ſe plonger au fond de l’eau auſſi rapidement qu’une pierre. Comme j’avois ſouvent entendu parler de la crampe & des autres accidens que les nageurs ont à craindre ; je m’imaginai qu’une telle cauſe avoit occaſionné ſa chûte. Pleine de cette idée & l’ame remplie de l’amour le plus vif, je volai, ſans faire la moindre réflexion ſur ma démarche, vers le lieu où je crus que mon ſecours pouvoit être néceſſaire. Mais ne voyant plus nulle trace du jeune hom-