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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/206

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„ Que vous dirai-je ? Les émotions, la ſurpriſe & la crainte, furent d’abord chaſſées par les idées du plaiſir que j’attendois de cette aventure. Il me ſembla qu’un Ange étoit deſcendu du ciel à deſſein ; car il étoit jeune & bien tourné, ce qui étoit plus que je n’en demandois ; l’homme étant tout ce que mon cœur deſiroit de connoître. Je crus ne devoir ménager ni mes yeux, ni ma voix, ni aucune avance pour l’encourager à répondre à mes deſirs. Je levai donc la tête, pour lui dire que ſa mere, ne pouvant revenir que vers la nuit, nous ne devions rien craindre de ſa part ; mais je vis bientôt que je n’avois pas beſoin de l’exciter, & qu’il n’étoit pas ſi novice que je le croyois : car il me dit, que ſi j’avois connu ſes diſpoſitions, j’aurois eu plus à eſpérer de ſa violence, qu’à craindre de ſon reſpect.

„ Voyant que les baiſers qu’il imprimoit ſur ma main n’étoient pas dédai-