Aller au contenu

Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 184 )

ivreſſe, & que je me plaignis de ne plus être fille.

Vous me demanderez, peut-être, ſi je goûtai quelque plaiſir ? Je vous aſſure que ce fut peu ou point ; ſi ce n’eſt dans les derniers momens, où j’étois échauffée par une paſſion méchanique, que m’avoit cauſée ma longue réſiſtance ; car au commencement j’eus de l’averſion pour ſa perſonne, & ne conſentis à ſes embraſſemens que dans la vue du gain qui y étoit attaché ; ce qui ne laiſſoit pas de me faire de la peine & de m’humilier, me voyant obligée à de telles charlataneries qui n’étoient point de mon goût.

A la fin je fis ſemblant de me calmer un peu par les careſſes continuelles qu’il me prodiguoit, & je lui reprochai alors ſa cruauté, dans des termes qui flattoient ſon orgueil, diſant, qu’il m’étoit impoſſible de ſouffrir une nouvelle attaque ; qu’il m’avoit accablée de douleur & de plaiſir. Il m’accorda donc généreuſement